Vahan Soghomonian
ORG PHENIX
Une genèse de La Trinité | Journées Européennes du Patrimoine
LIEU
Chapelle de la Trinité
29-31 rue de la Bourse, Lyon 2e
DISTRIBUTION
Vahan Soghomonian, plasticien et artiste sonore.
INFO PRATIQUE
Samedi 20 et dimanche 21 septembre
Ouverture de 10h à 19h
Entrée libre.
En cas de forte affluence, il vous sera demandé de patienter à l’extérieur du bâtiment afin d’échelonner les entrées pour ne pas dépasser la jauge maximale du lieu.
Avec la Métropole de Lyon,
dans le cadre des Journées Européennes du Patrimoine.
Une installation sonore pour découvrir La Trinité à l’occasion des Journées du Patrimoine.
Pour vous raconter l’histoire bien mouvementée de la chapelle, qui a été tour à tour une église, une salle de classe, un gymnase, un observatoire astronomique et une salle de concert (rien que ça), on a fait appel au plasticien Vahan Soghomonian qui la fera résonner à travers l’un de ses trésors perdus : son orgue, qui renaîtra de ses cendres le temps d’un weekend !
ORG est une installation interactive et évolutive au fil des collaborations (IAC de Villeurbanne, Fondation Bullukian, Superspectives, etc.) autant qu’un nouvel instrument : un orgue de facture expérimentale, reconnecté à son antique fonction de machine cosmique à l’âge du cerveau numérique et des algorithmes. Métamorphosé en PHENIX il fait résonner l’esprit des lieux à travers la fragilité de nos empreintes. Graffitis estompés dans le marbre, souffles piégés dans la reverb, bribes d’extase ou d’espoir, autant de matière pour retrouver le fil d’une mémoire en commun.
Vahan Soghomonian en parle :
« Pour l’ORG PHÉNIX, j’ai créé une maquette du système solaire pour repartir à la source de ce projet. Il y a 10 ans, avec mes amis Raphaël de Staël, Fabien Ainardi et Matthieu Reynaud, nous avons créé la première version de la maquette, une composition mettant en mouvement les sons de chaque planète et de chaque module du système. Pour cette nouvelle occurrence, il s’agissait de trouver les liens entre l’histoire de la Chapelle et celle de l’instrument. J’ai donc créé une nouvelle composition qui ralentit le temps et introduit une logique multidimensionnelle.
De haut en bas et de gauche à droite :
- Mercure : enregistrement de cônes de chantier avec des flashs, montée Saint-Barthélemy à Lyon, encensoir durant la messe pour le soleil à l’église arménienne de Lyon.
- Vénus : enregistrement du souffle de TGV à la gare de Perrache.
- Soleil : enregistrement d’une climatisation à Gyumri en Arménie, drone créé à partir de notes de Duduk, interprétation d’un morceau de Komitas joué par François Mardirossian.
- Terre : enregistrement de l’océan en Côte d’Ivoire.
- Mars : enregistrement d’un geste sur la membrane du caisson de basse (subwoofer) renvoyant au Sacré-Cœur.
- Jupiter : enregistrement interprété d’un Crystal Baschet.
- Saturne : enregistrement de gestes de polissage.
- Uranus : enregistrement d’une sinusoïdale du Phénix, synthétiseur analogique de spatialisation sonore.
- Neptune : réinterprétation d’un enregistrement du Trio Nazani performant sur l’ORG et le Phénix.
Les poèmes sont issus d’un précédent projet, ORG MITRA, installation sonore présente au Pays de l’Arbresle. Pour celui-ci, j’ai interrogé les habitants du territoire sur la question du temps. Il s’agit de poèmes génératifs, qui se composent d’unités de langage de cinq secondes et qui se recomposent à l’infini. J’ai travaillé avec Harold Barme et Elsa Kritkanjanapan.
Chaque module est équipé de capteurs infrarouges, l’espace de l’ORG devient un clavier sensible aux déplacements du public. Les capteurs peuvent lancer de nouvelles phases de jeu ou moduler certaines déjà présentes.
Pour le système de multi-diffusion de la Chapelle de la Trinité, je suis parti des phases lunaires (nouvelle lune, premier quartier, pleine lune, dernier quartier) pour modéliser une composition réalisée à partir d’un enregistrement du concert de Charlemagne Palestine pour l’ORG de la basilique de Fourvière, un patrimoine sonore immatériel du festival Superspectives.
Cette composition est accompagnée de poèmes récoltés lors d’une enquête menée auprès de Camille Chabanon et Camille Rhonat, à la co-direction de Trinité, ainsi que Didier Repellin, l’architecte en charge de la restauration de la basilique en 1990, sur l’histoire de la Chapelle et ses multiples fonctions. »
Historique
La chapelle de la Trinité a été édifiée par les Jésuites au XVIIe siècle sur le site du Collège de la Trinité. Elle est conçue par Étienne Martellange qui importe en France l’architecture « jésuite » typique de la contre-réforme, sur le modèle de l’église du Gesù à Rome. Le traditionnel « plan en croix » est abandonné au profit d’une nef large faisant converger tous les regards vers l’autel, cœur de la liturgie et de la polémique avec les protestants.
La première pierre est posée en 1607 et l’église sera consacrée en 1622. Son décor fait l’objet d’un embellissement permanent jusqu’à la fin du XVIIIe siècle : le maître autel, la statuaire, les nombreux trompe-l’œil et les imposants parements en marbre polychrome sont typiques de l’esthétique baroque qui vise le vertige de sens. Les très belles fresques de la voûte sont plus tardives et remontent à l’époque Napoléon III.
En plus de sa vocation cultuelle et scolaire, la chapelle devient au XVIIIe un lieu-clé de la vie intellectuelle et scientifique lyonnaise : elle accueille la plus importante bibliothèque de la ville et les Jésuites y installent un observatoire astronomique, qui sera détruit pendant le siège de Lyon à la Révolution. Elle est transformée en scène politique dans les premières années du règne de Napoléon qui y organise les consultations de Lyon et y proclame la première république italienne.
Le XXe siècle marque le déclin de la chapelle. En 1920, l’église est désacralisée et ses orgues sont vendues. Malgré son classement à l’inventaire des Monuments Historiques, la chapelle est affectée aux usages du lycée et sert surtout de gymnase. À l’occasion on y organise aussi des expositions sur les champignons.
Magnifiquement restaurée dans les années 1990 par Didier Repellin, la chapelle est désormais ouverte au public comme une salle de concerts. En 2024, elle fait peau neuve avec La Trinité, qui y ouvre une « nouvelle scène de musiques baroques et irrégulières ».
Pour aller plus loin : https://patrimoine.auvergnerhonealpes.fr/dossier/IA69004610


